mardi 22 décembre 2009

Tontine chinoise ou tontine africaine? Comment la microfinance s'invite sur internet

Comme l'explique bien le site golden.motorhome, la tontine est une association collective d'épargnants qui mettent en commun des fonds pour une période librement déterminée. Il s'agit d'un système d'épargne mutuelle hautement rentable (les taux de rendement peuvent facilement atteindre 8% pour une immobilisation sur 20 ans) et avec un niveau de risque relativement faible. On pourrait résumer la pratique de la tontine comme "une petite collecte entre amis".

Le système de la tontine est bien connu dans certaines régions du monde, Afrique, Inde ou Chine, où elle est couramment pratiquée. La tontine est souvent reprise à nos latitudes par les ressortissants de ces pays, notamment lorsqu'ils n'ont pas accès au crédit via le système bancaire traditionnel (manque d'apport initial, manque de garanties suffisantes, etc.). Il s'agit également d'un liant communautaire fort pour des populations souvent en manque de repères dans un pays étranger.

Selon le pays d'origine et les finalités (aider financièrement l'initiateur ou organiser une véritable épargne mutualiste) les tontines peuvent être organisées selon des modèles mathématiques différents : il y a ainsi les tontines avec "levée à tour de rôle", "avec levée par tirage au sort", "au seul bénéfice de l'initiateur", etc… Pour en savoir plus, je vous conseille la lecture de l'ouvrage reporté ici, qui spécifie les méthodes de calculs traditionnellement appliquées aux tontines chinoises.

L'intérêt des systèmes de micro-crédit est double :
  • Pour les emprunteurs, il s'agit d'obtenir de l'argent à moindre frais ou alors de l'obtenir tout court, lorsqu'ils n'ont pas accès au crédit bancaire traditionnel (surendettement, manque de garanties suffisantes, situation précaire, etc.)

  • Pour les prêteurs, le micro-crédit octroie généralement un rendement moyen (8%) bien plus intéressant que le système bancaire et -de surcroît- il permet de s'investir personnellement dans le projet de l'emprunteur et de donner ainsi un sens à son argent (ce qui n'est pas le cas avec les SICAV!).

Depuis 2005, plusieurs sites aux US et en Angleterre se sont lancés avec succès dans le crédit PtoP (peer to peer), c'est-à-dire entre particuliers. Nous pouvons citer, par ordre de création:


Zopa, site anglais fondé en 2005 a pour vocation de faire rencontrer emprunteurs et prêteurs sans passer par l'intermédiaire bancaire. Le site prend à sa charge l'évaluation des emprunteurs qu'il qualifie par une note de risque allant de A+ à C. Ensuite des prêteurs proposent le montant, le taux d'intérêt et le niveau de risque à hauteur desquels ils sont prêts à financer des emprunteurs. Le montant qu'un prêteur propose est systématiquement réparti entre plusieurs emprunteurs, afin de diminuer le risque d'impayés. Zopa se substitue à la banque en prenant la responsabilité de distribuer l'argent entre les parties, de remplir les formulaires légaux, de vérifier l'identité et la solvabilité des emprunteurs et d'assurer la collecte des remboursements mensuels. Zopa se rémunère en prélevant 0.5% sur les transactions des emprunteurs et 0.5% sur les montants annuels mis à disposition par les prêteurs. Fondé en 2005, Zopa avait déjà distribué 20M$ en 2006.


Kiva, site non-profit fondé en Mars 2005, a pour vocation de financer des entrepreneurs à très faible revenu basés dans des pays émergents. Chaque projet d'entreprise est accompagné de la biographie de l'entrepreneur et les prêteurs choisissent les projets sur la base de leur intérêt social, de la zone géographique ou du degré de risque qu'ils sont prêts à accepter. Chaque prêteur débourse des montants qui peuvent être aussi petits que 25$. Lorsque le montant total demandé par l'emprunteur est atteint, la somme est transférée via Paypal vers l'un des partenaires locaux de Kiva, d'habitude une institution de micro-paiement, qui s'occupe ensuite de distribuer les fonds à l'entrepreneur et de collecter ses remboursement mensuels. Dès que l'emprunt est totalement remboursé, la société de micro-crédit renvoie la somme via Paypal à Kiva qui la redistribue ensuite aux créanciers. Paypal ne charge aucun honoraire pour le transfert de ces sommes de et vers Kiva, compte-tenu du caractère "non-profit" de l'organisation. Les emprunteurs peuvent voir à tout moment le statut de remboursement de leur prêt et avoir des informations de l'entrepreneur pour savoir comment son projet avance. En Novembre 2009 Kiva a atteint les 100 M$ de crédits octroyés.


Prosper, site américain fondé en Février 2006 est basé sur un système d'enchères qui permettent aux prêteurs de choisir les projets (et donc les emprunteurs) qu'ils souhaitent financer et de proposer le taux d'intérêt qu'ils souhaitent obtenir. L'emprunteur obtient le prêt si les enchères effectuées couvrent la totalité du montant demandé. Le taux final qu'il aura à payer correspondra aux taux minimum obtenu par enchère, majoré de 1% de frais de service pour Prosper. Les prêteurs ont également la possibilité d'investir sur des portefeuilles sélectionnés par Prosper sur la base des caractéristiques de risque et de rentabilité qu'ils sont prêts à accepter. Pour de plus amples informations, je vous conseille de consulter leur tutorial. Prosper distribue annuellement environ 180 M$.


Lending Club, a commencé son activité en Mai 2007 en tant que application Facebook, même si depuis il s'est étendu à d'autres réseaux sociaux. Il capitalise donc sur les rapports de proximité et de confiance instaurés par les réseaux sociaux. Afin de pouvoir obtenir un crédit, les emprunteurs doivent être qualifiés par le site : leur taux de risque est évalué sur une échelle de A à G. Les taux d'emprunt sont fixes et la période de remboursement moyenne est de 3 ans. Le rendement moyen pour les prêteurs est de 9.05%. Les prêteurs peuvent choisir à qui ils souhaitent octroyer le financement, selon le degré de risque qu'ils sont prêts à accepter ou la relation (ex. amitié) qu'ils ont avec l'emprunteur. En général, le système favorise les créditeurs solvables et qui savent défendre leur projet. Les demandes de prêt servent souvent à consolider la dette de l'emprunteur : elles remplacent dans une certaine mesure le crédit à la consommation (beaucoup plus cher). Le prêt minimum constaté est de 1000$, le prêt moyen de 5500$ et le maximum de 25000$. Lending Club distribue actuellement plus de 7 M$/mois.

En France, le micro-crédit destiné aux populations en difficulté sociale est traditionnellement distribué par l'Adie, avec des taux de défauts constatés deux fois inférieurs à ceux des organismes de crédit traditionnels. Le prêt moyen est de 7500€ et le prêt maximum d'environ 15000€.


En France et sur internet, le micro-crédit se développe grâce à des sites comme FriendsClear (né en Juillet 2007), qui aide les membres d'une même famille ou les amis à se prêter de l'argent entre eux. Jusqu'à aujourd'hui, FriendsClear à aidé des particuliers à se prêter environ 350.000€. Contrairement aux sites américains, FriendsClear n'intervient dans la transaction que pour aider les parties à établir un échéancier de remboursement et une reconnaissance de dette : il ne qualifie pas l'emprunteur par un systèmes de notes et il ne fixe pas par enchère le taux de crédit auquel se réalisera la transaction. FriendsClear se rémunère par un "flat fee" prélevé sur l'acte de reconnaissance de dette de la part de l'emprunteur (9.90 € pour un acte dématérialisé et 19.90€ pour un acte écrit). A partir de Janvier 2010, le site va étendre la plateforme en dehors du cadre strictement familial, pour faire accéder au micro-crédit le plus grand nombre.

Si vous souhaitez en savoir plus et évaluer les institutions de microfinance (IMF) qui distribuent des fonds aux pays en développement, allez voir le site PlanetFinance (PlanetRating) qui établit un rating des IMF dans le monde.

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